Le reflux est une pathologie digestive qui concerne des millions de personnes. Les symptômes, telles que les remontées acides, étant particulièrement désagréables, plusieurs classes de médicaments existent pour soulager les symptômes. Parmi celles-ci, on trouve les inhibiteurs de la pompe à protons, plus communément appelés ipp.
Bien qu’efficaces, de plus en plus d’études démontrent que les ipp ont de nombreux effets indésirables jusque là insoupçonnés ou sous-évalués. Pris sur le long terme, ils constituent même de véritables dangers pour le maintien de la santé et sont à éviter.
Quelles sont les solutions naturelles pour soulager le reflux ? Quelles sont les alternatives aux ipp ?
Qu’est-ce que le reflux ?
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une pathologie attachée au système digestif. Il peut être ponctuel ou chronique. Le reflux se caractérise par une remontée de sécrétions acides dans le tube digestif supérieur.
Quand vous avalez un aliment, il passe dans l’œsophage avant d’arriver dans l’estomac. Le contenu alimentaire va rester dans l’estomac plus ou moins longtemps en fonction du type d’aliments ingéré. L’estomac va libérer de l’acide chlorhydrique ainsi que d’autres sucs gastriques comme des enzymes, de manière à activer une digestion chimique. En parallèle, les muscles puissants de l’estomac vont permettre une digestion mécanique du bol alimentaire. Une fois réduit dans une forme liquide appelée chyme, le contenu de l’estomac est alors particulièrement acide, et le pH est très bas. Si des remontées ont lieu à ce moment-là, l’acidité ressentit pourra irriter les muqueuses (œsophage, gorge).
L’estomac va très progressivement se vider, et le chyme passer dans le duodénum pour une autre étape de digestion.
Quels sont les symptômes du reflux ?
Les symptômes du reflux peuvent varier d’une personne à l’autre.
Le plus souvent, une personne ressent des brûlures au niveau de l’estomac et/ou de l’œsophage. Elle est dans ce cas souvent associée à une toux d’irritation, voire à des maux de gorge et à un enrouement.
Certaines personnes ont également d’autres manifestations désagréables au niveau thoracique. D’une manière générale, toute la sphère ORL peut être impactée.
Les régurgitations peuvent être conscientes ou totalement inconscientes, notamment quand le reflux se produit la nuit.
Pourquoi ressent-on des brûlures dans l’œsophage ?
Une fois arrivés dans l’estomac, les aliments vont être mélangés à des sécrétions acides, synthétisées par l’estomac. L’estomac est en effet le lieu le plus acide de notre organisme, avec un pH de 2.
L’estomac est le seul organe à synthétiser de l’acide chlorhydrique. L’acide chlorhydrique a plusieurs rôles. Il va permettre de libérer d’autres enzymes gastriques et de décomposer les aliments afin de les réduire en bouillie. Cette acidité gastrique permet aussi d’éliminer des agents pathogènes telles que des bactéries qui seraient présentes dans nos aliments.
Cette acidité est capable de détruire des micro-organismes vivants mais aussi nos propres tissus. L’estomac s’en protège lui-même en sécrétant du mucus, une sorte gel qui va protéger sa paroi.
Mais quand ce liquide acide remonte dans l’œsophage, les cellules de la paroi de l’œsophage ne sont, elles, pas protégées par cette attaque acide. Un reflux qui perdure peut provoquer une œsophagite. Si cette acidité remonte encore, elle viendra irriter l’arrière de la gorge.
Quelles sont les causes du reflux ?
La première cause de reflux est souvent mécanique : le sphincter, qui sépare l’œsophage de l’estomac et maintient l’extrémité inférieure de l’œsophage fermée afin que les aliments ne remontent pas dans l’œsophage, est relâché et il ne joue plus son rôle de barrière. Les repas copieux réguliers vont exercer une pression sur ce sphincter. Ils peuvent même causer une béance du cardia.
Une hernie hiatale peut également être à l’origine d’un reflux gastro-oesophagien. Une hernie hiatale se caractérise par une remontée d’une partie de l’estomac dans l’orifice hiatal.
La grossesse peut être une cause de remontées acides, tout comme l’hyperpression abdominale exercée par un ventre proéminent en cas de surpoids ou d’obésité.
Enfin, certains médicaments comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent favoriser les brûlures d’estomac.
Qu’est-ce qui favorise le reflux ?
De nombreux facteurs favorisent le reflux.
Le stress,
L’alcool,
Les plats épicés,
Les repas copieux,
Les boissons gazeuses,
Une vidange gastrique ralentie,
Une posture avachie au moment du repas,
Le tabac car la nicotine augmente l’acidité gastrique et réduit l’efficacité du muscle qui ferme la jonction entre l’œsophage et l’estomac.
Quels sont les traitements médicamenteux contre le reflux ?
Il existe 3 familles de médicaments :
Les antiacides et les pansements gastriques
L’antiacide le plus connu est le Gaviscon, qui est à base d’alginate de sodium et de bicarbonate de sodium.
Les alginates sont des extraits d’algues brunes utilisés comme gélifiants et comme épaississants car ils gonflent au contact de l’eau. C’est pourquoi les alginates sont très présents dans les produits contre les reflux. Les alginates forment un gel visqueux, protégeant ainsi les muqueuses de l’estomac et de l’œsophage.
Les antiacides et les pansements gastriques ont une action locale. Ils soulagent de manière ponctuelle car ils protègent les muqueuses digestives mais ils ne réparent pas les muqueuses lésées.
Ces médicaments sont en vente libre en pharmacie et ne nécessitent pas une ordonnance.
Les antihistaminiques H2
Les antihistaminiques de type H2 (anti-H2) diminuent les sécrétions acides, en bloquant l’action de l’histamine. En effet, l’histamine stimule la sécrétion acide de l’estomac. Ils soulagent les symptômes et favorisent la cicatrisation de l’œsophage. Ils sont indiqués pour le reflux occasionnel.
Les inhibiteurs de la pompe à protons (ipp)
Ces médicaments sont très efficaces car ils agissent directement sur le mécanisme de sécrétion de l’acide chlorhydrique de l’estomac. Le problème est qu’ils bloquent un mécanisme physiologique essentiel à la digestion. Leur efficacité fait donc aussi leur dangerosité.
Différentes molécules peuvent être prescrites. Elles ont la même action. On trouve l’oméprazole (Mopral®, Zoltum®), le pantoprazole (Eupantol®, Inipomp®), l’ésoméprazole (Inexium®), le lansoprazole (Lanzor®, Ogast®, Ogastoro®) et le rabéprazole (Pariet®).
Ils sont indiqués en cas d’œsophagite.
Les ipp ne sont pas recommandés en première intention en cas de reflux occasionnel (moins d’une fois par semaine).
Si les symptômes de reflux sont plus fréquents, un ipp peut être donné à demi-dose pendant un mois. Cette durée est normalement suffisante pour résoudre le problème. Un ipp peut ensuite être pris de manière occasionnelle, en cas de rechute, ou à dose minimale si le problème perdure.
Si la situation ne s’est pas améliorée au bout de 4 semaines, une endoscopie digestive haute doit être réalisée.
En cas de prise d’ipp supérieure à un an, il faut chaque année réévaluer l’intérêt de continuer leur prise et essayer de diminuer la dose prescrite.
Pourquoi est-ce que les ipp posent problème ?
Les chiffres sont édifiants. Alors que les effets secondaires des ipp sont nombreux et importants, en 2019, ce ne sont pas moins de 16 millions de Français qui se sont vus prescrire un IPP. La Haute Autorité de Santé estime que plus de la moitié des prescriptions ne seraient pas justifiées. L’assurance maladie va plus loin, évaluant ce chiffre entre 40 et 80% des prescriptions.
La HAS estime que les ipp sont prescrits trop souvent et trop longtemps.
On ne compte plus les études menées au niveau mondial qui mettent en avant de nouveaux effets indésirables de la prise des ipp au long cours, parmi lesquels :
Carences en vitamines et en minéraux
A cause de la diminution d’acidité dans l’estomac, les ipp entraînent des perturbations dans l’assimilation de la vitamine B12, de la vitamine C, du calcium, du magnésium et du fer.
Augmentation des risques cardiovasculaires
Une carence en vitamine B12 conduit à une augmentation de l’homocystéine. L’homocystéine en excès conduit à augmenter les risques cardiovasculaires. En cas de prise d’ipp pendant plusieurs mois, il serait opportun de mesurer son taux d’homocystéine par une prise de sang, tout comme son niveau de vitamine B12.
Hausse de l’ostéoporose et des fractures
En agissant sur les cellules osseuses, la prise d’ipp de manière prolongée augmente drastiquement le risque de fracture tout en favorisant l’ostéoporose.
Développement d’une insuffisance rénale
Les personnes prenant des ipp pendant plusieurs années ont un risque exponentiel de développer une insuffisance rénale.
Risque augmenté de démence
Pris pendant plusieurs années, les ipp augmentent les risques de développer une démence comme la maladie d’Alzheimer.
Prolifération de bactéries pathogènes
En réduisant l’acidité de l’estomac, les ipp permettent à des bactéries pathogènes de proliférer. Les études ont montré que les personnes sous ipp avaient davantage de risque de contracter des infections intestinales et d’être atteint de dysbiose (déséquilibre de la flore intestinale).
Quelles sont les alternatives naturelles aux ipp ?
L’argile verte
L’argile verte a des propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes. Elle est tout indiquée pour soulager les muqueuses irritées. Elle peut être prise de manière ponctuelle ou sous la forme de cure pendant 3 semaines quand on veut bénéficier de ses vertus réparatrices.
L’aloe vera
Le gel d'aloe vera a des vertus apaisantes et cicatrisantes.
Je recommande d’en prendre 2 cuillères à soupe après le déjeuner et le dîner pendant un mois.
Le lithothamne
Le lithothamne est une algue rouge riche en minéraux alcalanisants comme le calcium et le magnésium. Les carbonates de calcium et de magnésium sont des minéraux connus pour leur effet antiacide. En augmentant le pH de l’estomac, ils agissent comme des antiacides naturels et réduisent les brûlures d’estomac.
Le psyllium (ispaghul)
Réduit en poudre et mélangée à de l’eau, le psyllium va former un mucilage, un gel épais qui va tapisser la muqueuse gastrique et la protéger contre l’acidité, tout en empêchant les aliments de refluer.
Je conseille de prendre une cuillère à soupe de psyllium associée à un demi verre d’eau le matin à jeun. Attendre un peu que l’eau soit totalement absorbée puis manger à la cuillère. Boire ensuite un verre d’eau pour s’assurer que le gel formé soit bien descendu dans l’estomac.
Conseils en hygiène alimentaire
Si vous souffrez de reflux, les aliments suivants sont à éviter :
Aliments riches en matières grasses
Tomates
Agrumes
Café, thé, sodas
Alcool
Miel
Confiture
Chocolat
Plats épicés
Aliments lactofermentés
Pickles
Vinaigre
Ail, oignon et aliments épicés
Il est également conseillé de manger moins vite.
Quand on mange trop vite et que l’on ne prend pas assez le temps de mastiquer, on avale plus d’air et le temps de digestion des aliments dans l’estomac est plus long, favorisant ainsi le reflux.
Il est préférable de fractionner les repas et de ne pas sentir son ventre tendu par une prise alimentaire excessive. Les repas trop copieux sont un facteur important de remontées acides car là aussi les temps de digestion seront allongés.
Les boissons gazeuses sont à éviter mais aussi toutes les boissons qui apportent de la caféine, car elles ont un effet défavorable sur le sphincter de l’œsophage. Attention donc au café, au thé, aux boissons énergisantes, au Coca Cola et au chocolat chaud.
Il faut aussi veiller à ne pas trop boire pendant les repas car l’excès de liquide favorise la distension gastrique. Dans l’idéal, la consommation d’eau se fait principalement en dehors des repas, tout au long de la journée. On limite la quantité d’eau à un verre par repas.
Enfin les boissons consommées doivent être à température ambiante. Il est conseillé d’éviter les boissons chaudes et les boissons glacées.
L’alcool et les graisses sont des ralentisseurs de digestion. L’alcool ne devrait être consommé que de manière occasionnelle et dans des quantités modérées.
Concernant les graisses, ce sont surtout les graisses saturées qui sont à limiter. Elles sont particulièrement présentes dans la viande rouge, la charcuterie, le fromage, le beurre et dans les aliments industriels (chips, pizzas…).
Evitez aussi les fruits acides, et pas seulement les agrumes. De même que le vinaigre et les aliments qui baignent dans de la saumure (cornichons, câpres, légumes lactofermentés, pickles).
Consommez davantage de légumes. Leurs antioxydants protègent les muqueuses. Privilégier les légumes colorés et les crucifères.
Conseils en hygiène de vie
Si vous souffrez de reflux la nuit, la solution naturelle la plus efficace est de surélever non pas son matelas mais son sommier de 15 cm, en achetant des pieds d’une hauteur adéquate.
Ne vous allongez jamais directement après le repas. Profitez-en plutôt pour faire une petite balade pour activer la digestion.
Si votre reflux est d'origine mécanique, pensez à l'ostéopathie et au chi nei tsang.
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